Monday, January 5, 2009
Thursday, October 11, 2007
10.10.07-*
Après le steak-frite de rigueur, je me met en piste pour les fameuses chutes d'eau d'Iguazu, raison de ma présence ici, à la frontière du Brésil et du Paraguay, et que ne vois-je pas sous mes zieux zéblouis: une moto-taxi! Pas de doute, je suis bien de retour dans le vrai Sud.
Il y a parait-il une théorie selon laquelle les chutes d'eau génèreraient des ions négatifs qui auraient des effets sur l'humeur des gens. Je ne sais pas à quel point c'est sérieux, mais le fait est que plus je m'approche plus je me sens bizarre. La température est tellement douce, et l'air sent si bon le début d'été, et tout est si vert et beau...
Je commence à avoir une boule dans la gorge, de plus en plus grosse, aucune idée pourquoi. Et quand j'arrive au premier point de vue sur les chutes... je m'effondre intérieurement. En fait je dois faire un très gros effort pour ne pas eclater en sanglots, et je ne peux pas m'empécher de pleurer, c'est pathétique. C'est tout simplement ce que j'ai vu de plus grandiose de toute ma vie, point-barre. C'est magnifique au delà des mots, débordant de vie, de généreuse puissance, de vitalité primordiale.
18.10.07 - *
Silence, tous les magasins sont fermés. Tout ça a un côté un peu totalitaro-communiste, renforcé par l’architecture sévère des bâtiments officiels qui entourent (et écrasent) le palais de la Moneda, siège historique du gouvernement.
Salvador Allende, président nationalisateur et suicidé.
Au loin, des tambours. Et voilà que débarque un régiment de marine en grande tenue, et un autre d’infanterie, et un détachement féminin, et une fanfare, qui défilent devant un public pour le moins clairsemé, mais respectueux. J'apprendrai par la suite que le 19 est officiellement le Dia del Ejercito, le jour de l'armée. Juste pour rire, imaginez un "Jour de l'Armée" en Suisse, où on en est presque à interdire la fête nationale de peur des nationalistes...
Après avoir suivi le défilé un moment, histoire de voir la suite des officialités, je renonce et pars à la découvert de la ville dans des conditions assez idéales: il fait beau et il n’y a personne. En gros, Santiago ressemble un peu au Valais si Martigny avait 5 ou 6 millions d’habitant. La ville s’étend dans la plaine au pied des Andes, ponctuée par plusieurs grandes collines boisées assez abruptes.
Le Cerro Santa Lucia est une de ces collines, autrefois un hermitage, puis un couvent, puis un bastion militaire, c'est aujourd'hui un très joli parc tout en dénivelés, pleins de fontaines baroques, d’escaliers monumentaux et de faux châteaux forts qui offrent une jolie vue sur le centre.
En redescendant, on arrive dans le Parque Forestal, point de rassemblement de hordes de kids en noir, metalleux, goths ou emos, les vendredis et samedis en fin d‘après-midi. D’ailleurs en rêgle générale, la jeunesse de Santiago a l’air très rock, jamais vu autant de t-shirts de groupes metal, toutes tendances confondues, goth , ou punk. Ils ont même un centre commercial rien que pour eux, quatre étages de boutiques de fringues ou d’accessoires, disquaires, perceurs et tatoueurs, mangas et jeux vidéos, en plein centre ville.
Au milieu du parc, la monumentale Fontaine des Allemands, offerte à la ville de Santiago par l’importante communauté allemande locale vers 1890. On remarque le bras tendu, arf-arf.
Tout au long de l’Avenida O’Higgins, de beaux bâtiments du XIXe siècle, transplantés directement d’Europe, comme le théâtre…
Ou le Palacio de Bella Artes, pas bien grand mais lumineux et refait à neuf.
Sur la Plaza de Armas, je m’envoie mon premier Bife a la pobre: une monstruosité calorifique composée d’une grosse semelle de bidoche, deux œufs au plat, une louche d’oignons frits et une plâtrées d’énormes frites bien grasses, servie avec du pain blanc et du beurre. Burrrrrrp.
Autre spécialité typique, le Completo: un hot-dog augmenté de tranches de tomates, d'oignons, de guacamole (pâte d’avocats) et d’une bonne dose de mayonnaise. Rrrrrreup. Je n’ai jamais compris comment manger ça sans s’en mettre partout et en conservant un minimum de dignité.
Autant le dire: le Chili, enfin Santiago, est à l’image de sa gastronomie: sympa, traditionnel et rustique. Simple et sans chichi. Pas vraiment au top de l'élégance branchée urbaine - mais c’est ce qui fait son charme. J’ai l’impression de retrouver l’Espagne post-franquiste de la fin des années 80, cette impression que le temps s’est arrêté vers 1965, dans ces cafés aux sièges en plastique et aux carrelages noir et blanc, ces galeries marchandes dignes de Monsieur Hulot. Ce doit être le propre des ex-dictatures militaires, et je ne doute pas que d’ici vingt ans au plus Santiago sera aussi cosmopolite, hype et globalisé que Madrid aujourd’hui, et que les galeries marchandes auront les mêmes putains de vitrines Zara, Mango et Tommy Hilfiger que le reste de la planète. D’une dictature à l’autre, quoi. Il est vrai que le Marché et ses fidèles n'exécutent pas physiquement les opposants. Devant mon hôtel un soir, un rassemblement de gauchistes, étoiles rouges et portraits du Che en avant, m'apprend que l'immeuble de l'autre côté de la rue était apparemment du temps de Pinochet une maison où l'on entrait les menottes aux poings et d'où l'on ressortait parfois les pieds en avant.
A la gare routière de Valpo, une petite bonne femme me propose sa pension, photos et recommendations de routards à l'appui. Pourquoi pas.
Le système de transport en commun de Valparaiso est assez particulier, pour ne pas dire incompréhensible. D'une part, des micros, minibus qui arborent chacun plusieurs numéros, entre 1 et 600 (!), sans aucune logique apparente, augmentés de un à cinq panneaux de destination et/ou de parcours) différents, collés n'importe où, sur le pare-brise ou sur les côtés. D'autre part des collectivos, soit des taxis collectifs, qui n'effectuent qu'un seul circuit, en boucle. Pour descendre en ville, c'est facile, mais pour en revenir, je n'ai jamais trouvé le micro ou le collectivo qui passait devant chez moi. C'est extrêmement agaçant, et j'aurais bien fracassé un de ces chauffeurs qui me regardaient comme si je leur demandais si ils allaient sur la lune.
Bon, assez rigolé. Un petit saut par dessus les Andes, l'Argentine m'attend!